Les faux amis

Je ne vais pas faire un cours de linguistique comparée,  en ressortant le Non mais «actually» ça veut pas dire « actuellement » mais « en fait », et si tu veux dire «actuellement» ben en fait, « actually » donc (tu me suis hihi ?!) c’est « currently » tu vois.

Non, je compte évoquer les vrais faux amis, c’est-à-dire les gens que l’on croit ses amis mais qui, parfois, sans raison, vous poignardent dans le dos.

Pas plus tard que cette semaine, quand j’ai créé ce blog, un « ami » m’a écrit : « ouais c’est génial, tu rigoles et en même temps c’est sérieux, j’aime bien ». Puis, quelques heures après, il m’a envoyé un nouveau message, s’inquiétant de mes éventuelles futures relations avec des gens comme PPDA ou Beigbeder (allez savoir), me disant que j’allais devenir comme toutes ces pauvres filles sans talent qui pullulent (sic) à Paris. Finissant par me balancer : tu devrais faire comme Daft Punk, te mettre un casque sur la gueule et te cacher.

In cauda venenum !

 Il y a ceux, plus pervers, qui veulent en rajouter dans le serment d’amitié qu’ils pensent avoir passé avec vous. Pour vous prouver leur fidélité, leur sincérité, ils vont tout vous dire. Y compris les vacheries que d’autres, des gens qui au moins n’ont pas le culot de se déclarer vos amis, balancent sur votre compte. Ainsi d’une fille qui vint me voir un jour pour régler un pseudo conflit : « non mais tu comprends, Samia, elle a pas dit que t’étais une connasse, juste « une pauvre fille ». Enfin ça va quoi ! ».

Il y a ceux qui, feignant de tenir un discours général, vous lancent des attaques sournoises. « Oui tu comprends moi, l’été, je n’aime pas être « oisif ». et puis j’ai envie de gagner ma vie, pas de rester là comme ça, à compter sur mes parents pour me payer tout…enfin tu vois ? ». Oui vous voyez très bien (et il le sait le perfide !) parce que vous n’avez jamais travaillé l’été et que vous êtes un bon gros boulet pour vos pauvres parents qui triment et se sacrifient pendant que vous mangez des glaces Häagen-Dazs devant les programmes moisis de France télé, somnolant à moitié dans une pièce aux volet coffrés, parce que la chaleur est trop forte, du moins pour les oisifs. Mais comme vous êtes polis et que vous n’aimez pas faire remarquer aux autres leur muflerie, vous dites simplement « moui…jte comprends, je vois ». Et l’autre de garder son sourire satisfait.

Il y a enfin ceux qui, sans raison, cherchent à vous créer des complexes là où vous n’en aviez pas. « Ah ouais tu jouais au tennis avant…mais ta taille ça te gênait pas ? enfin jveux dire, t’étais pas trop petite quand même ? ». Ou alors : « ah bon, on ne t’a pas offert de muguet pour le 1er mai….mais personne n’a pensé à toi ? pas même ta mère ? ». Alors que vous disiez simplement que c’était la première année que vous n’aviez pas eu de muguet, pas que PERSONNE, absolument PERSONNE, n’avait pensé à vous en OFFRIR.

On est loin des « deux vrais amis qui vivaient au Monomotapa ». Si vous ne les connaissez pas, je vous résume leur histoire : une nuit, l’un des deux se lève en sursaut et court chez l’autre. Celui-là se lève à son tour, persuadé que si son ami est venu à une heure pareille c’est qu’il a un grave problème. Est-ce un souci d’argent ? il lui propose sa bourse. Y-a-t-il une querelle ? son épée est prête. Est-ce de la solitude ? une esclave n’attend que de la (ou « le », d’ailleurs) combler. Non, non, ce n’est rien de tout ça. Le premier a cette très belle phrase : « Vous m’êtes en dormant un peu triste apparu ; j’ai craint qu’il ne fût vrai, je suis vite accouru ». Et La Fontaine de conclure :

Qu’un ami véritable est une douce chose.

Il cherche vos besoins au fond de votre cœur ;

Il vous épargne la pudeur de les lui découvrir vous-même. 

Un songe, un rien, tout lui fait peur

Quand il s’agit de ce qu’il aime.

 

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Un commentaire pour Les faux amis

  1. Aldric dit :

    Quel bonheur de trouver ses propres pensées sous la plume (brillante) de quelqu’un que l’on estime, notamment pour son intelligence ! Encore que je me demande ce que peut valoir pareille remarque à la suite de ce billet. Mais enfin, nous avons eu l’occasion de nous côtoyer depuis quelques années, assez – je l’espère – pour que les dits soient clairs.
    A ces observations sur la vérité de l’amitié, j’aimerais apporter un petit grain de sel en forme de remarque sur la quantité des amis. Je compte mes « amis » (j’insiste sur le terme) sur les doigts d’une main. Il faut du temps pour que j’en vienne à considérer quelqu’un comme tel, et cela se perd facilement. Je sais d’ailleurs que la réciproque est vraie. Alors à tous ces adeptes du réseau au F blanc sur fond bleu qui sont persuadés d’avoir x dizaines, centaines (milliers ?!) d’amis, je conseille sérieusement la lecture de la Fable susmentionnée, mais aussi d’une de mes favorites (Parole de Socrate), laquelle s’achève sur ces vers :

    Chacun se dit ami; mais fol qui s’y repose :
    Rien n’est plus commun que ce nom,
    Rien n’est plus rare que la chose.

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